Le secteur technologique chinois constitue une menace existentielle pour la sécurité nationale américaine. Les administrations Trump et Biden ont fait de la lutte contre la menace technologique chinoise une priorité.
L’administration Trump a adopté une approche holistique, en s’appuyant sur plusieurs agences pour supprimer les liens de notre secteur technologique avec Pékin. Par exemple, la Commission fédérale des communications (FCC) de Trump a interdit l’utilisation de fonds fédéraux pour acheter des équipements auprès d’entreprises chinoises ayant des liens directs avec son gouvernement. La FCC a également utilisé ses règles en matière de propriété étrangère pour empêcher les sociétés chinoises de sans fil d’obtenir des licences pour opérer aux États-Unis. La Maison Blanche a tenté d’interdire TikTok, Tencent QQ et WeChat en raison de leur capacité à mener des campagnes d’espionnage sur notre population.
Cette approche s’est poursuivie dans l’administration Biden. Avec l’aide du Secure Networks Act, la FCC de Biden a pu mettre en œuvre des mesures pour nettoyer davantage nos réseaux du matériel conçu pour espionner les Américains. À l’instar de l’administration Trump, l’administration Biden appelle à interdire purement et simplement TikTok à moins que ByteDance, la société mère de l’application, ne se désinvestisse.
De manière encore plus agressive, l’administration Biden exploite la loi CHIPS pour imposer des sanctions aux fabricants de puces, les empêchant de fournir des puces à certains fabricants d’appareils chinois qui entretiennent des liens étroits avec le Parti communiste chinois (PCC). Idéalement, ces sanctions mettraient un terme à toute tentative de fabricants d’appareils mobiles comme Huawei de développer des smartphones.
Mais hélas, Huawei a tout de même pu dévoiler son smartphone Mate 60 Pro animé par une super puce.
Comment est-ce arrivé?
Huawei a-t-il fabriqué ses propres puces ? Les entreprises chinoises de semi-conducteurs, comme SMIC, ont-elles carrément ignoré les sanctions américaines ? Huawei supprime-t-il les pièces détachées des appareils obsolètes ? C’est vague.
Une chose est claire : notre stratégie visant à freiner les efforts de la Chine pour dominer les marchés numériques échoue. Récemment, un groupe de républicains de la Chambre des représentants a appelé l’administration Biden à utiliser toute l’autorité que lui confère la loi CHIPS pour imposer des sanctions plus lourdes contre le SMIC pour ses violations apparentes. L’administration devrait le faire immédiatement.
Mais le gouvernement ne peut pas y parvenir seul. Les entreprises américaines vont elles aussi devoir intensifier leurs efforts.
Un homme teste un smartphone Huawei au Mobile World Congress (MWC) à Shanghai le 28 juin 2023. Pedro PARDO / AFP/Getty Images
Et certains l’ont fait. En août, Meta a mis fin à la plus grande opération d’influence chinoise sur ses plateformes à ce jour. L’entreprise a supprimé plus de 7 700 comptes, ainsi que 954 pages et 15 groupes faisant la promotion de la propagande chinoise. Microsoft répond également à la menace en fermant les opérations de LinkedIn en Chine et en déplaçant ses chercheurs en IA hors du pays vers le Canada.
Cependant, certaines entreprises continuent de s’associer au gouvernement chinois pour accéder au marché. Apple travaille en étroite collaboration avec le Parti communiste chinois. Il partage les codes de cryptage des utilisateurs chinois d’Apple avec son gouvernement, permettant au PCC d’utiliser les iPhones pour retrouver des manifestants ou des groupes religieux défavorisés, comme les Ouïghours. Apple a également limité l’utilisation d’AirDrop, une fonctionnalité iPhone utilisée pour partager des images à distance, après que le PCC a découvert que les manifestants utilisaient cette fonction pour partager de manière anonyme des dépliants numériques anti-gouvernementaux. Et c’est payant pour Apple, puisque l’entreprise réalise un cinquième de son chiffre d’affaires sur le marché chinois.
Pire encore, Elon Musk a tout intérêt à ce que le PCC soit heureux. Musk lance parfois des arguments sur le PCC, comme il l’a fait lors d’un récent sommet technologique où il a déclaré que l’indépendance de Taiwan de la République populaire de Chine était une distinction « arbitraire ». Ce qui est encore plus terrifiant, c’est qu’il est prêt à utiliser sa technologie pour s’engager dans des guerres étrangères, comme il l’a fait avec Starlink en Ukraine. Qu’est-ce qui l’empêche d’utiliser Starlink contre nous, surtout si ses opérations ici entrent en conflit avec ses relations sur le continent chinois ?
Amazon a également conclu des accords avec la branche propagande du PCC pour promouvoir les discours et les écrits du président Xi Jinping. Amazon a même désactivé les avis des clients sur les écrits de Xi. Pourquoi? Parce que l’entreprise veut percer ce marché. Pire encore, Amazon continue de vendre des routeurs avec une porte dérobée potentielle permettant au PCC d’espionner les consommateurs aux États-Unis.
Tout cela est déjà assez grave, mais les grandes entreprises technologiques continuent de fabriquer leurs appareils, de développer leurs systèmes d’IA et d’augmenter leurs revenus en Chine. Compte tenu du mépris flagrant de la Chine pour nos droits de propriété intellectuelle, rien n’empêche les entreprises chinoises de voler purement et simplement notre technologie pour accroître son empreinte numérique si des entreprises comme Apple, Tesla et Amazon continuent d’y opérer.
Le Congrès a demandé à chacun des PDG de ces entreprises de contribuer au développement de notre stratégie en matière d’IA, et chacun jouera un rôle clé à cet égard. C’est une raison de plus pour remettre en question leurs relations actuelles avec le gouvernement chinois, car elles vont à l’encontre des politiques destinées à assurer notre sécurité nationale.
Alors que nos propres entreprises ne se soucient pas de l’impact de leurs transactions sur notre sécurité nationale, il n’est pas étonnant que la Chine ou les entreprises fournissant le secteur technologique chinois ne prennent pas nos sanctions au sérieux.
Dans cette course aux armements numériques, il est temps, au moins, pour les entreprises américaines, de choisir leur camp en se désengageant de la Chine.
Joel Thayer est président du Digital Progress Institute et avocat basé à Washington, DC. Le Digital Progress Institute est une organisation à but non lucratif qui cherche à combler le fossé politique entre les télécommunications et la technologie grâce à un consensus bipartisan.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur.