L’économie chinoise est confrontée à d’importantes difficultés et, parmi les options limitées disponibles, il n’existe que deux voies vers la reprise. La première serait une réintégration complète dans le système mondial. La seconde consisterait à stimuler le secteur immobilier à court terme afin d’éviter un effondrement immédiat tout en explorant des solutions alternatives. Malheureusement, ces deux options ont soit été rejetées par le dirigeant chinois Xi Jinping, soit posent des défis considérables.
L’intégration dans le système mondial a été l’un des principaux moteurs de la remarquable croissance économique de la Chine au cours des quatre dernières décennies. Le fondement économique de la Chine repose sur trois piliers : l’investissement, la consommation et les exportations. Pourtant, les deux premiers piliers, l’investissement et la consommation, se sont révélés problématiques. L’économie chinoise s’est largement appuyée sur des projets immobiliers et d’infrastructures gouvernementales, mais le marché immobilier est une bulle fragile, incapable de garantir une économie robuste, même si elle génère une croissance temporaire. Les investissements dans les infrastructures visant à stimuler le PIB sont confrontés à des problèmes similaires, ce qui rend l’investissement également une base peu fiable.
Le deuxième pilier, la consommation, a ses propres enjeux. La base de consommation chinoise reste faible en raison d’importantes inégalités de richesse ; un petit groupe d’individus riches coexiste avec une majorité de citoyens beaucoup plus pauvres, et leurs dépenses ne peuvent à elles seules soutenir l’économie dans son ensemble.
Le véritable moteur de l’économie chinoise réside dans les exportations manufacturières. Le statut d’« usine mondiale » de la Chine lui permet de réaliser de réels bénéfices, et ces exportations constituent le fondement des fondements économiques de la Chine. La collaboration de la Chine avec les pays occidentaux développés a entraîné des progrès significatifs dans les domaines de la science, de la technologie et des opérations commerciales.
Si la Chine parvient à reconstruire ce pilier, il existe un potentiel de reprise économique.
Et pourtant, le chemin vers la réintégration semble se rétrécir, voire se fermer complètement. Il y a une hausse du coût du travail et des facteurs géopolitiques, et l’attitude de Xi Jinping indique qu’il abandonne de plus en plus l’intégration comme objectif. L’absence de Xi au récent sommet du G20 en Inde en dit long sur sa réticence à dialoguer avec les dirigeants des pays les plus riches et les plus influents du monde.
Le président chinois Xi Jinping lors du sommet des BRICS 2023 au Sandton Convention Center à Johannesburg le 24 août 2023. Marco Longari/Photo de Marco Longari / AFP) (Photo de MARCO LONGARI/AFP via Getty Images
En fait, pour l’instant, Xi n’a effectué que trois voyages à l’étranger, tous dans des pays amis de Pékin. Il s’agit d’un changement significatif par rapport à sa pratique pré-COVID d’au moins 10 voyages par an.
Cette réticence provient probablement des pressions politiques intérieures, des défis économiques de la Chine et des relations tendues avec l’Inde. Mais quelle qu’en soit la raison, cette approche n’est pas efficace si la Chine souhaite réintégrer le système international.
L’issue de la récente visite en Chine de la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, reste incertaine. Bien que Raimondo ait évoqué l’interdépendance entre les économies américaine et chinoise, les restrictions inébranlables sur les exportations de puces haut de gamme vers la Chine en raison de problèmes de sécurité nationale sont le signe de tensions persistantes. Pékin se rend compte qu’il est peu probable que les relations entre les États-Unis et la Chine reviennent à leur état antérieur, lorsque les États-Unis fournissaient l’accès au marché, le financement, la technologie et la formation en gestion, tous essentiels à l’économie chinoise actuelle.
L’argument le plus convaincant de la Chine auprès de l’Occident à l’heure actuelle est que ses problèmes économiques nuiront à l’économie mondiale, y compris aux États-Unis et à l’Occident, s’ils ne sont pas améliorés.
Et la Chine a raison : il est dans le meilleur intérêt de l’Occident d’aider la Chine à éviter un effondrement. Le monde occidental a tout intérêt à assurer la stabilité de l’économie chinoise. Comme Raimondo l’a dit dans une interview à News Hour : « Nous faisons chaque année environ 700 milliards de dollars de commerce avec la Chine, ce qui soutient des centaines de milliers d’emplois en Amérique. Donc, tout ce que nous pouvons faire dans le commerce avec la Chine qui crée des emplois en Amérique ou aide Le fait que les entreprises américaines se développent et innovent est une bonne chose. »
Malgré cette profonde interdépendance et le besoin urgent de la Chine du soutien occidental, Xi Jinping semble privilégier la coercition plutôt que de s’engager dans des efforts diplomatiques pour atteindre ses objectifs. La Chine s’oppose aux « garde-fous » dans ses relations avec les États-Unis, refuse les communications militaires régulières et rend difficile aux diplomates occidentaux d’atteindre les responsables chinois. Il s’agit d’une approche dysfonctionnelle qui ferme la porte à la reconnexion avec l’Occident.
Alors que les espoirs de réintégration de la Chine s’amenuisent, des politiques intensives de relance immobilière ont vu le jour. Ces politiques comprennent une réduction des acomptes pour les prêts hypothécaires et des taux d’intérêt considérablement plus bas, ainsi que la suppression des restrictions d’achat dans de nombreuses villes. Ces mesures ont temporairement renforcé le secteur immobilier, évitant ainsi un effondrement économique et permettant de gagner du temps pour explorer des alternatives. Les actions des sociétés immobilières chinoises ont bondi en réponse.
Mais il s’agit au mieux d’une solution à court terme. Selon les médias chinois, il y a suffisamment de maisons en Chine pour accueillir 3 milliards de personnes, mais la population est en déclin. Trouver un remplacement pour l’immobilier et les exportations dans un contexte de sanctions technologiques occidentales constitue un formidable défi pour l’avenir de la Chine.
Mme Gao est journaliste et animatrice de Zooming In avec Simone Gao.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur.