HELSINKI – Après des décennies d’absence d’alliances militaires, la Finlande et la Suède voisine ont annoncé leur intention de rejoindre l’OTAN à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine l’année dernière.
Après que la Turquie soit devenue le dernier membre à ratifier la candidature de la Finlande jeudi, les Finlandais devraient finaliser leur adhésion dans les prochains jours, tandis que la Suède continue de faire face à l’opposition.
Voici cinq choses à savoir sur les candidatures d’adhésion des deux pays :
Demi-tours historiques
Pendant des décennies, la plupart des Suédois et des Finlandais étaient favorables au maintien de leur politique de non-alignement militaire.
Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’année dernière a provoqué de brusques volte-face.
Le changement a été particulièrement spectaculaire en Finlande, qui partage une frontière de 1 300 km avec la Russie.
Avant la candidature, le soutien public à l’adhésion à l’OTAN était resté stable à 20-30% pendant deux décennies, mais un sondage de février a suggéré que 82% étaient satisfaits de la décision de rejoindre l’alliance.
Un sondage suédois en janvier avait 63% des Suédois en faveur de l’adhésion au bloc.
Pendant la guerre froide, la Finlande est restée neutre en échange des assurances de Moscou qu’elle n’envahirait pas. Après la chute du rideau de fer, la Finlande est restée militairement non alignée.
La Suède a adopté une politique officielle de neutralité à la fin des guerres napoléoniennes du XIXe siècle, qui a été modifiée en une politique de non-alignement militaire après la fin de la guerre froide.
Entrée fractionnée
Les voisins nordiques étaient à l’origine catégoriques sur le fait qu’ils voulaient rejoindre l’alliance ensemble, acceptant de soumettre leurs candidatures en même temps.
Malgré les assurances qu’ils seraient accueillis à « bras ouverts », leurs candidatures se sont rapidement heurtées à l’opposition, principalement de la part de la Turquie, membre de l’OTAN.
Les offres d’adhésion à l’OTAN doivent être ratifiées par tous les membres de l’alliance.
À la mi-mars, le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé au Parlement de ratifier la candidature de la Finlande, mais a retardé celle de la Suède à la suite d’une litanie de différends.
De même, lorsque la Hongrie a ratifié la candidature de la Finlande le 27 mars, celle de la Suède a été repoussée à « plus tard ».
La Finlande a décidé d’aller de l’avant, quitte à laisser la Suède derrière elle.
Le Parlement finlandais ayant déjà approuvé la candidature, il ne lui reste plus qu’à déposer, maintenant que toutes les ratifications sont garanties, un « instrument d’adhésion » à Washington pour finaliser l’adhésion.
Suède vs Turquie
La Suède, la Finlande et la Turquie ont signé un mémorandum trilatéral lors d’un sommet de l’OTAN en juin dernier pour garantir le lancement du processus d’adhésion.
Mais Ankara a heurté à plusieurs reprises Stockholm, affirmant que ses demandes sont restées sans suite, notamment pour l’extradition de citoyens turcs que la Turquie veut poursuivre pour « terrorisme ».
Il a accusé la Suède d’offrir un refuge aux «terroristes», en particulier aux membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les négociations entre les pays ont été temporairement suspendues au début de 2023, après que des manifestations – impliquant à la fois l’incendie du Coran et une simulation de pendaison d’une effigie de M. Erdogan – aient été organisées à Stockholm.
Militaires
La politique suédoise a longtemps dicté que le pays avait besoin d’une armée forte pour protéger sa neutralité.
Mais après la guerre froide, il a considérablement réduit ses dépenses de défense, concentrant son action militaire sur les opérations de maintien de la paix.
En combinant ses différentes branches, l’armée suédoise peut aligner quelque 50 000 soldats, dont environ la moitié sont des réservistes.
Alors que la Finlande a également procédé à des coupes dans la défense, elle a maintenu une armée beaucoup plus importante que la Suède.
Le pays de 5,5 millions d’habitants a une force de guerre de 280 000 soldats plus 600 000 réservistes.
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les deux pays ont annoncé une augmentation des dépenses.
La Suède a déclaré qu’elle visait 2% du PIB « dès que possible », et la Finlande a ajouté plus de deux milliards d’euros (2,89 milliards de dollars singapouriens) à son budget de défense de 5,1 milliards d’euros au cours des quatre prochaines années.
Souvenirs de guerre
Bien que la Suède ait envoyé des forces dans des missions internationales de maintien de la paix, elle n’est pas entrée en guerre depuis plus de 200 ans.
Les souvenirs de la guerre en Finlande sont beaucoup plus frais. En 1939, elle est envahie par l’Union soviétique.
Les Finlandais ont mené une lutte acharnée pendant la sanglante guerre d’hiver, mais le pays a finalement été contraint de céder une grande partie de sa province orientale de Carélie dans le cadre d’un traité de paix avec Moscou.
Un « accord d’amitié » de 1948 a vu les Soviétiques accepter de ne plus envahir, tant que la Finlande resterait en dehors de toute coopération de défense occidentale.
La neutralité forcée du pays pour apaiser son voisin le plus fort a donné naissance au terme de « finlandisation ». AFP