Un peu de soleil est vraiment le meilleur désinfectant.
Il n’y a peut-être nulle part où cette affirmation est plus vraie que dans le domaine de la finance illicite.
Selon l’estimation du département du Trésor, l’argent sale circulant dans l’économie américaine équivaut à 2 % de notre PIB chaque année. Qu’il s’agisse d’oligarques russes cachant des actifs sanctionnés dans l’immobilier américain ou de cartels internationaux de la drogue cachant le produit de leurs crimes dans des fiducies du Delaware, l’argent sale est dangereux pour notre sécurité et notre intégrité. Identifier l’argent sale est la première étape vers son élimination.
L’administration Biden le sait bien. Dans la toute première stratégie pangouvernementale de lutte contre la corruption, publiée lors du premier Sommet pour la démocratie en 2021, la priorité absolue de l’administration était de lever le voile sur les sociétés fictives anonymes, qui ont longtemps été utilisées pour introduire clandestinement de l’argent sale dans notre système financier.
Au Congrès, nous avons adopté la loi sur la transparence des entreprises, une mesure bipartite que j’ai aidé à diriger. La loi exige que les entités constituées ou opérant aux États-Unis signalent leurs véritables propriétaires « bénéficiaires » au département du Trésor. Une mise en œuvre rigoureuse de cette loi devrait constituer la pièce maîtresse du programme de l’administration pour remplir ses engagements anti-corruption.
Le Trésor a pris un bon départ lorsqu’il a finalisé une règle stricte en septembre détaillant les entités couvertes par la loi et précisant les informations qu’elles devront déclarer. Malheureusement, la mise en œuvre a dérapé davantage lorsque l’agence a proposé comment les autorités chargées de l’application de la loi pourraient accéder aux informations et rédigé les formulaires que les entreprises utiliseront pour déposer les informations.
Les nouveaux outils ne sont utiles que si vous les mettez entre les mains de ceux qui peuvent les utiliser. La loi sur la transparence des entreprises a toujours été destinée à fournir aux agences fédérales, étatiques, locales et alliées étrangères les informations dont elles ont besoin pour identifier et enquêter sur le blanchiment d’argent. Le Congrès voulait également s’assurer que les institutions financières comme les banques pourraient identifier (et éviter de faire affaire avec) des acteurs louches. Malgré cette intention claire, la récente proposition du Trésor limite sévèrement l’accès au répertoire.
Parmi les nombreux protocoles d’accès trop restrictifs inclus dans le projet de règle du Trésor, le plus préjudiciable est l’exigence – qui ne figure pas dans la loi – que les responsables locaux obtiennent une ordonnance du tribunal pour accéder aux informations collectées en vertu de la loi. Une exigence aussi lourde rendrait l’accès au répertoire lent, compliqué et peu pratique.
Le bâtiment du département du Trésor américain est visible. SAUL LOEB/AFP via Getty Images
La proposition limite également l’accès au répertoire des propriétaires par les institutions financières, qui ont besoin des informations pour remplir leurs obligations légales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et les sanctions. La loi sur la transparence des entreprises visait à améliorer et à simplifier la conformité des institutions financières, mais l’American Bankers Association a déclaré que la règle la plus récente « crée un cadre dans lequel l’accès des banques au registre sera si limité qu’il sera effectivement inutile ».
Sur ces points et plus encore, le Trésor peut encore inverser la tendance et faire de la base de données une ressource plus utile, garantissant que les forces de l’ordre, les responsables de la sécurité nationale et les institutions financières peuvent facilement accéder aux données conformément à l’intention du Congrès.
De même, un outil de données est seulement aussi bon que ses entrées. Pourtant, un projet de formulaire proposé par le Trésor pour la déclaration des informations au répertoire pourrait effectivement rendre l’ensemble du régime facultatif. Selon le formulaire proposé, les entités déclarantes seraient autorisées à déclarer qu’elles sont simplement « incapables » d’obtenir des informations sur leurs véritables propriétaires. Il est difficile d’imaginer que les entités fourniront les données appropriées si elles reçoivent une telle sortie. En outre, le Trésor ne s’est pas encore engagé à vérifier les données soumises au registre des bénéficiaires effectifs, malgré l’exigence de la loi.
Ce ne sont pas des problèmes flashy. Les détails techniques d’un projet de réglementation du Trésor font rarement la une des journaux. Mais ces erreurs risquent de saper la loi anti-blanchiment la plus importante des 20 dernières années.
Il y a de l’espoir si le Trésor donne suite aux nouveaux engagements pris cette semaine. D’une part, un responsable du Trésor suggère maintenant que l’agence puisse réviser le formulaire. De plus, les États-Unis se sont engagés, dans le cadre d’un accord conjoint avec 20 pays, à faire progresser les répertoires de propriété réelle qui utiliseront la vérification pour garantir des données utiles aux forces de l’ordre et aux autres utilisateurs.
La lutte contre la corruption et la kleptocratie est l’une des actions les plus importantes que nous puissions entreprendre pour protéger et promouvoir la démocratie dans le monde. L’ordre international fondé sur la démocratie, les marchés libres et l’état de droit est attaqué par l’autocratie, la kleptocratie et la criminalité. C’est à la fois un impératif de sécurité nationale et internationale que nous, les sociétés démocratiques de droit, gagnons cette bataille. J’espère que le département du Trésor utilisera le sommet de cette semaine comme une opportunité pour remettre cet effort sur les rails.
Le sénateur Sheldon Whitehouse représente le Rhode Island au Sénat américain.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur.