PARIS – Le président français Emmanuel Macron cherche à reprendre l’initiative avec de nouvelles réformes dans les semaines à venir après que son gouvernement ait survécu de justesse à une motion de censure lundi concernant un projet de loi impopulaire sur les retraites, a déclaré une source.
Certains membres du propre camp de M. Macron l’ont mis en garde contre la poursuite des affaires comme d’habitude au milieu de manifestations violentes et de grèves continues qui représentent le défi le plus sérieux à l’autorité du président centriste depuis la révolte des « gilets jaunes » il y a quatre ans.
« Nous sommes tous affaiblis. Le président, le gouvernement et la majorité », a déclaré un haut responsable du camp de Macron, M. Gilles Le Gendre, au journal Libération. « Ce n’est pas parce que la loi a été adoptée que nous pouvons faire comme si de rien n’était. »
Un autre député du camp de Macron, M. Patrick Vignal, a sans ambages exhorté le président à suspendre le projet de loi de réforme des retraites, qui relèvera l’âge de la retraite de deux ans à 64 ans, compte tenu de la colère qu’il a déclenchée et de sa profonde impopularité.
Mais M. Macron ne prévoit pas de remaniement, d’élections anticipées ou de changements majeurs d’aucune sorte et a exclu le retrait de la loi sur les retraites, a déclaré mardi à Reuters la source qui a participé aux réunions entre M. Macron et ses principaux alliés.
Il tentera plutôt d’utiliser une interview télévisée mercredi pour « calmer les choses » et planifiera des réformes pour le reste de son mandat, a indiqué la source.
Ce n’est pas ton tour
S’adressant au parlement, la Première ministre Elisabeth Borne et le ministre du Travail Olivier Dussopt ont également clairement indiqué que le gouvernement ne changerait pas de cap.
Alors que Mme Borne a déclaré qu’ils essaieraient à l’avenir de mieux impliquer les citoyens et les syndicats dans l’élaboration des lois, elle n’a donné aucun détail, et tous deux ont déclaré qu’ils avaient consacré autant de temps que possible au dialogue sur le projet de loi sur les retraites.
« Ce que nous attendons du président de la République, c’est qu’il dresse des perspectives… un calendrier (de réformes) de trois, six mois », a déclaré à Reuters M. Sacha Houlie, député du camp de Macron, disant qu’il espérait pour des propositions sur des questions telles que la manière dont les entreprises pourraient être poussées à partager davantage leurs bénéfices avec les travailleurs.
Le chef du Parti social, Oliver Faure, a déclaré au gouvernement qu’ils « jouaient avec le feu ».
D’autres députés de l’opposition ont exhorté M. Macron à renvoyer la Première ministre Elisabeth Borne, à convoquer des élections anticipées et à organiser un référendum sur le projet de loi sur les retraites en raison de la colère généralisée.
« Le gouvernement est fini », a déclaré M. Fabien Roussel, secrétaire général du Parti communiste.
Et ensuite ?
Les sondages montrent qu’une large majorité de Français sont opposés à la réforme des retraites, ainsi qu’à la décision du gouvernement de faire passer le projet de loi au Parlement sans vote.
« Je pense que c’était un déni de démocratie. Le gouvernement a voté une loi contre laquelle une majorité de Français était contre », a déclaré le scénariste Jean Regnaud.